The Ethno-Linguistic Geography of the Gagauz People in the Danube Basin


Valentina Shevchuk1



Abstract: The article deals with the history of the Gagauz people as a separate ethnic group, the development of written language and the national culture of the Gagauz in the territory of Danube region, on the establishment of intercultural relations with the Slavic and Romance ethnic cultures.

Keywords: Ethno-Linguistic Geography; Gagauz People; Danube Basin; intercultural relations



L’étude des coutumes et des moeurs des minorités nationales attire toujours une grande attention des ethnographes, des historiens, des linguistes. Dans ce contexte le sujet de notre recherche est actuel et important, car il reflète l'intérêt à la culture et aux traditions de la communauté ethnique, des Gagaouzes du bassin du Danube. Un grand nombre de savants s’occupent de ce problème. Parmi eux M. Tchakir, A. Manov, V. Mochkov. Une contribution importante au développement de la langue et de la littérature gagaouze, a fait le professeur, docteur en sciences à l'Université de Kichinev D. Tanassoglou. En 1947, a été créé la commission de gagaouze, présidée par M. Dmitriev. Lancé par Dmitriev la création de l'écriture de gagaouze, après sa mort, a été poursuivie par le secteur des langues turques de l'Institut de linguistique et les Instituts de recherche du Ministère de l'éducation de la RSS de Moldavie. Dans notre travail nous avons essayé de présenter la géographie, l’histoire de l’origine des Gagaouzes, leur écriture. La recherche est faite à l’aide des méthodes historico-typologique, historico-comparative. Elle s'appuie également sur la méthode de l'étude descriptive.

L’histoire des Gagaouzes est étroitement liée avec le territoire de l’Ukraine et du Bas-Danube. C’est justement le Danube qui à tous le temps présentait une sorte de pivot dans l’histoire de toute l’Europe. Les steppes du Côte nord de la mer Noire, le Bas-Danube étaient « les portes de l’histoire de l’Europe et de l’Asie ».

Depuis l'antiquité le bassin du Danube est le domaine des contacts actifs culturels et ethniques entre les peuples, parce qu'il se trouve sur les rives de la rivière européenne la plus «internationale» – Danube, à proximité immédiate de la région des Karpates et et relativement pas loin des Balkans et de l’Asie.

Du point de vue géographique, la région se trouve sur la plaine du moyen-Danube à l'ouest de la périphérie de la Grande Steppe et elle sert d'un espace entre les européens et les peuples asiatiques. Sur certaines phases de son existence historique le bassin du Danube se trouvait à l'intersection de flux civilisé de l’est à l’ouest, du nord au sud. (Dergachov, 1996, pp. 4-5). Ici s'effectuait le sort des anciens peuples de l'Eurasie, se réalisait la communication dans le temps et l'espace entre les représentants de différentes cultures ethniques et jettait les bases du développement socioculturel de la population des régions de l'ouest et du sud-ouest du continent. À l'aube de l’histoire de l'Eurasie le bassin du Danube est la zone frontière entre les agriculteurs sédentaires et les éleveurs- nomades.

Au moyen- âge dans les conditions de l'activité croissante des turcs, le bassin du Danube dans le plan de géopolitique devient la région extrêmement chaude ; la rivalité pour le pays au XV-ième –XVI-ième siècles entre les conquérants qui cherchaient à se retrancher au Cote nord de la mer Noire (Polovtsiennes Coumanes, la Russie, la Lituanie, la Pologne, la Hongrie, la Moldavie, la Valachie, le khanat de Crimeé,) au XVI siècle, finit par la victoire de l'empire Ottoman, sous l'autorité de laquelle le pays se trouve presque trois siècles. Jusqu'au début du XIX-ième siècle ici gouvernent les turcs. Ainsi le bassin du Danube devient la zone frontière slavo-romain-turque.

Aujourd'hui, dans le bassin du Danube coexistent les représentants de plus de trois dizaines de cultures ethniques: outre les Russes, les Ukrainiens, les Roumains, les Moldaves ce sont les Albanais, les Bulgares, les Serbes, les Gagaouzes, les Grecs fuyant de l'oppression étrangère des Balkans et du Sud de l'Europe, ou les Allemands, les Suisses de colonie et de nombreux autres, volontairement arrivés pour qui le bassin du Danube devient une nouvelle Patrie.. Mais toujours, les différences ethnocultureles les plus radicales dans le local de la société sont délimitées par le triangle «slaves –peuples romanes - peuples turcs», car dans l'ensemble, ces trois branches ethniques constituent une grande majorité des habitants de ce pays (Lebedenko, & Ticino, 2002, p. 21).



L’origine Des Gagaouzes

Les Gagaouzes sont bien un peuple qui depuis longtemps est sujet à débats. Dans l'historiographie, il y avait plus de 20 hypothèses sur l'ethnogenèse des гагаузов (61, 4). Plusieures trouvent des adeptes aujourd'hui. Finalement il existe deux hypothèses. Selon l'une d'elles, certains chercheurs suggèrent que les Gagaouzes sont les Bulgares « oturečennye», qui n’ont conservé que leur foi. Parmi eux, on peut noter les chercheurs bulgares I. Ivanov, Zanetova , A. Zachouk, S. Marinova, P. Moutaftchieva et l'historien moldave Mecheruk (14, 26).La religion chrétienne des Gagaouzes les induisent en erreur. Selon l’autre les Gagaouzes descendants médiévales de tribus nomades: des Petchenègues et autres tribus turques au moyen-âge, s'installent dans la plaine du Danube et accepte la foi orthodoxe. Il semble à peu prés certain qu'il s'agit de Coumanes (ou Polovtsy issus des Oghouz) qui, en fuite du Kiptchak (ancien territoire kiptchak au nord de la mer Noire), n'auraient pas suivi l'ensemble de la troupe vers la Hongrie et se seraient arêtés au bord de la mer Noire, à l'embouchure du Danube et dans la plaine entre le Bas-Pruth et le Bas-Dniestr. Christianisés dans le rite orthodoxe, ils ont longtemps conservé fidélement l'usage de leur langue turque.Cette hypothèse est soutenue par de nombreux chercheurs: S.Mochkov, A Маnov, N. Baskakov, N. Dmitriev, M. Tchakir, D. Tanassoglou, L, Pokrovskaya, M. Gouboglou, H. Togan, A. Nimet Curat, V. Kafessoglou et d’autres (13, 26). Comme le souligne l’ethnologue, le linguiste et le chercheur de l'art populaire et de l’ethnogenèse des Gagaouzes S. Mochkov, les Gagaouzes sont les descendants de l'ogouzes, qui en 1064 ont traversé le Danube et se sont installés dans la péninsule des Balkans. (93, 409). Depuis plus de quatre siècles le territoire de la Dobroudja, où initialement est formé l'ethnie gagaouze, faisait partie de l'Empire Ottoman. Dans le but de préserver leur identité orthodoxe, une grande partie des Gagaouzes migrent vers la Bessarabie.

Selon Paul Wittek, Turcologue, les Gagaouzes seraient, d’origine seldjouke (une tribu turque ayant émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur les actuels Iran et Irak ainsi que sur l'Asie Mineure entre le milieu du XI-ième et la fin du XIII-ième siècle). Il seraient les descendants des fidèles du Sultan seldjouk Kay Ka’us. Menacé par les Mongols, le sultan Kay Ka’us II, se serait réfugié auprès de l’empereur de Constantinople en 1261. Le basileus (empereur) lui aurait offert des terres de la Dobroudja, à l’époque «no man’s land» entre la Horde d’Or, la Bulgarie et l’Empire Byzantin en 1263. (Lebedenko, & Ticino, 2002)

En 1296, Kay Kau’s donna son nom à cet nouvel état qui par «glissement sémantique» devint Gagauz. Suite à de nombreux déboires et rivalités au sein de ce peuple, certains sont retournés en Anatolie et d’autres, sous l’influence byzantine et slave, furent christianisés et se convertirent à la religion grecque orthodoxe. Lors de l’invasion ottomane menée par Bayasid I-er en 1398, les Gagaouzes remontèrent un peu plus vers le nord afin d’éviter l’islamisation. (Lebedenko, & Ticino, 2002

Même si cette hypothèse paraît la plus probable, les Gagaouzes eux-même réfutent la thèse d’une descendance seldjouke et d’avoir été musulmans avant d’être chrétiens, thèse appuyée pourtant quant aux nombreux mots d’origine arabe dans le vocabulaire gagaouze tels que Allah pour désigner Dieu.

Pour poursuivre, c’est surtout au cours du XVIII-ième siècle, lors des guerres russo-turques (dés 1774) que les Gagaouzes fuient les zones de conflits de la Dobroudja pour se réfugier dans l’Empire russe afin de bénéficier de la protection de la Russie orthodoxe. Par vagues successives, ils s’installent dans le Boudjak, soit dans la région d’Izmail (sud-ouest de l’Ukraine) et de Bender (en Transnistrie actuelle).

Au XIX-ième siècle, en 1828 le Tsar Russe et le Sultan Ottoman font un échange de populations de part et d'autre des Bouches du Danube: des Bulgares et les Gagaouzes quittent la Bulgarie encore ottomane pour venir s'installer en Bessarabie, annexée en 1812 par l'Empire russe, à la place des Turcs et surtout des Tatars Nogays musulmans, qui y vivaient auparavant, et s'installent en Dobrogée (en turc «Dobruc-ili», en bulgare «Dobroudja», en roumain «Dobrogea»), dans l'actuelle Roumanie et autour de Varna dans l'actuelle Bulgarie.

Dés la création de la Roumanie lors du rattachement de la Valachie à la Bessarabie du Sud en 1859, les Gagaouzes remontèrent un peu plus au Nord dans la Moldavie actuelle où ils s’installèrent dans les régions de Komrat, (capitale de Gagaouzie), Kangaz, Taraklia, Tchadir-Lunga et Vulkanechti. qui forment aujourd’hui l’«Unité Territoriale Autonome de Gagaouzie» (UTAG). Environ 130 000 Gagaouzes vivraient sur cette zone. On retrouve également des Gagaouzes en Ukraine notamment à Odessa, Zaporodje et en Russie à Rostov sur le Don, près de la Mer d’Azov, en Bulgarie, dans les régions de Varna et Baltchik mais aussi en Asie centrale, au Kazakhstan, Ouzbékistan (certains ayant quitté le Boudjak lors des différents «plans» établis par l’administration soviétique). 

A la suite de l’effondrement de l’URSS, lorsque la RSSM (République socialiste soviétique moldave) déclare son indépendance en 1991, cette minorité turcophone souhaite devenir une «République de Gagaouzie». En 1994, l’autonomie de la Gagaouzie est reconnue par le parlement moldave et devient une «Unité Territoriale Autonome de Gagaouzie». (UTAG)

Cette petite entité a sa propre université en langue gagaouze, le droit de posséder leurs propres emblèmes, et de se doter d'une assemblée législative (l'Assemblée de Gagauz-Yeri) et d'organismes exécutifs spécifiques. Le gouvernement autonome a juridiction dans plusieurs domaines, notamment les sciences, la culture, l'éducation, les services communs de proximité, les services de santé, les services sociaux, les activités économique locales (budgétaires, financières et fiscales) et l’environnement.

Les gagaouzes représentent un cas unique de conservation du passé nomade de l’ethnie turque dans le milieu étranger ethnique agricole. Cette singularité est encore renforcée par le fait que, contrairement à d'autres ethnies turco-hispanophones, les gagaouzes sont les représentants du monde chrétien et non pas musulman, parce que les gagaouzes sont les chrétiens orthodoxes. Ce dernier a une grande importance pour le développement actuel de l'humanité.

Les Gagaouzes forment aujourd'hui un peuple dont la population est d'environ 200 000 personnes. La plupart des Gagaouzes (173 000 personnes) habitent à présent sur le territoire de la République de Moldavie, dans une région compacte nommée Gagauz-Yeri (le Pays de la Gagaouzie) qui bénéficie d’un statut autonomie. 30.000 autres habitent dans la Bessarabie du Sud (Ukraine), et un petit nombre en Roumanie, Bulgarie, Grèce, Macédonie.



Le Développement Historique du Gagaouze

Ce peuple parle en principe le gagaouze, une langue turque de la famille altaïque. La langue gagaouze a passé une voie de développement très complexe et, jusqu'à récemment, cette langue n'était pas connue dans les études turques. Il est donc important que l'étude du vocabulaire gagaouze soit divisé en groupes thématiques. Pour faciliter l'étude du vocabulaire de la composition, il est nécessaire de classer les mots sur la base de la sémantique. Ce problème est étudié largement par Kouliev. Il est conçu sur les fondements théoriques de la classification sémantique des mots. Ses principes développés sont universels et facilement acceptable pour toutes les langues. Originellement transcrit au moyen de l'alphabet grec, le gagaouze utilise à partir de 1957 l'alphabet cyrillique.Depuis 1993, l'écriture gagaouze est un alphabet latin proche de celui utilisé par le turc.

Alphabet cyrillique

А а

Ä ä

Б б

В в

Г г

Д д

Е е

Ё ё

Ж ж

З з

И и

Й й

К к

Л л

М м

Н н

О о

Ö ö

П п

Р р

С с

Т т

У у

Ӱ ӱ

Ф ф

Х х

Ц ц

Ч ч

Ш ш

Щ щ

Ъ ъ

Ы ы

Ь ь

Э э

Ю ю

Я я





Alphabet latin

А а

Ä ä

B b

C c

Ç ç

D d

Е е

F f

G g

H h

I ı

İ i

J j

K k

L l

M m

N n

O o

Ö ö

Р р

R r

S s

Ș ș

T t

Ț ț

U u

Ü ü

V v

Y y

Z z





Cette langue est partout en voie d’extinction, sauf en Moldavie où 89 % des Gagaouzes parlent le gagaouze comme langue maternelle. A noter que le gagaouze d'origine turque comprend de nombreux emprunts aux langues slaves. Afin de conserver plusieurs fers au feu, le peuple gagaouze s'exprime dans deux dialectes : le gagaouze maritime et le gagaouze bulgare qui diffèrent par l'accent et les emprunts.

Sur le plan mystique, ils ont expérimenté successivement une demi-douzaine de religions : chamanisme, manichéisme, nestorianisme, bouddhisme, islam... A l'instant, la majorité des gagaouzes s'est fixée sur la variante orthodoxe autocéphale bulgare du christianisme mais une avant-garde, fidèle à la tradition de tâtonnement et d'analyse, tente le protestantisme évangélique. La plupart des Gagaouzes pratiquent la même religion que les Bulgares et respectent les préceptes de l'Eglise orthodoxe bulgare. Pour la liturgie orthodoxe, les gagaouzes continuent d'employer le "slavon d'église bulgaro-valaque" qu'ils jugent particulièrement bien adapté à l'hygiène spirituelle. En Turquie, les Gagaouzes ont perdu leur langue et utilisent le turc moderne qu'ils écrivent en caractères grecs. Ils continuent à pratiquer leur religion et dépendent du Patriarcat orthodoxe turc d'Istanbul. Le nombre des Gagaouzes de Turquie ne semble pas très élevé.



La Politique Linguistique de l’Ukraine

Quant à la politique linguistique il est à noter que l'Ukraine est un pays multiethnique, avec au moins 25 communautés diverses d'une certaine importance (mais 130 au total). Néanmoins, l'Ukraine demeure un pays relativement homogène au point de vue ethnolinguistique), puisque au moins 78 % de la population est d'origine ukrainienne, ce qui représente une proportion beaucoup plus élevée par rapport à la plupart des pays. Plus précisément, les 77,8 %.

Office ukrainien des statistiques 2001

Les langues maternelles en pourcentage

Langue par nationalité

Ukrainien
comme langue maternelle

Russe
comme langue maternelle

Autre langue
choisie

Ukrainiens

85,2 %

-----

14,8

0,0

Russes

95,9 %

3,9

----

0,2

Biélorusses

19,8 %

17,5

62,5

0,2

Moldaves

70,0 %

10,7

17,6

1,7

Tatars de Crimée

92,0 %

0,1

6,1

1,8

Bulgares

64,2 %

5,0

30,3

0,5

Hongrois

95,4 %

3,4

1,0

0,2

Roumains

91,7 %

6,2

1,5

0,6

Polonais

12,9 %

71.0

15,6

0,5

Juifs

3,1 %

13,4

83,0

0,5

Arméniens

50,4 %

5,8

43,2

0,6

Grecs

 6,4 %

4,8

88,5

0,3

Tatars

35,2 %

4,5

58,7

1,6

Tsiganes

44,7 %

21,1

13,4

20,8

Azerbaïdjanais (Azéris)

53,0 %

7,1

37,6

2,.3

Géorgiens

36,7 %

8,2

54,4

0,7

Allemands

12,2 %

22,1

64,7

1,0

Gagaouzes

71,5 %

3,5

22,7

2,3

Autres

32,6 %

12,5

49,7

5,2

En parlant des minorités nationales il est nécessaire de donner une définition de ce qu’on entend par minorité nationale. Selon l’article 3 de La loi ukrainienne sur les minorités nationales : « Les minorités nationales sont des groupes de citoyens de l’Ukraine qui ne sont pas ukrainiens par la nationalité et qui expriment un sentiment de conscience nationale et d’unité entre eux » (10, 12). Notons que, ce document ne parle pas de « personnes appartenant à des minorités nationales » mais se réfère directement aux groupes eux-mêmes.

Parmi les minorités nationales, les Polonais ont choisi de façon importante l'ukrainien pour langue maternelle à 71 % (12,9 % pour le polonais et 15,6 % pour le russe), les Allemands à 22,2 %, les Tsiganes à 21,1 %, les Biélorusses à 19,8 %, les Juifs à 13,4 % ainsi que les Moldaves à 10,7 %. Parmi les nationalités qui ont très peu choisi l'ukrainien comme langue maternelle, on peut citer, outre les Russes, les Tatars de Crimée (0,1 % et 6,1 % pour le russe), les Hongrois pour 3,4 % (le hongrois pour 95,4 %). À l'exception des Russes et des nationalités citées auparavant, plus de la moitié des Moldaves (70 %), des Roumains (91,7 %), des Arméniens (50,4 %), des Azéris et des Gagaouzes (71,5 %) ont choisi leur propre langue comme langue maternelle. Enfin, le russe a été choisi par les Grecs d'Ukraine à 88,5 %, les Juifs à 83 %, les Biélorusses à 62,5 %, les Allemands à 64,7 %, les Tatars de l'Oural à 58,7 % et les Géorgiens à 54,4 %.

On observe aussi les situations de «minorité au sein d’une minorité» dans un certain nombre de miunicipalités à l’intérieur des oblasts (régions) ainsi que dans certaines collectivités locales. Par exemple, les Roumains constituent la majorité de la population du district d’Hertsajiv de l’oblast de Tchernivtsi, tandis que les Bulgares sont en majorité dans le district de Bolgrad de l’oblast d’Odessa et que les Hongrois sont le groupe national le plus important dans le district de Berehove de l’oblast de Transcarpathie (Zakarpattia en ukrainien). Il existe également, dans certaines collectivités locales, des quartiers d’habitation dans lesquels d’autres groupes ethniques, comme les Biélorusses, les Grecs, les Gagaouzes, les Moldaves, les Polonais et les Tatars de Crimée, constituent une majorité.

Le district d’Izmaїl se trouve au sud de la région d’Odessa dans la plaine du Danube et comprend 19 unités territoriales administratives, 23 localités. Au point de vue ethnolinguistique le district d’Izmaїl est multiethnique car ici habitent 40 nationalités. Sa population compte 52 00 personnes. Parmi lesquelles les Ukrainiens constituent - 28,9 % : les Moldaves - 28,9 % : les Bulgares - 25,7 % : les Russes - 16,1 % : les Gagaouzes - 0,42 %.

Langue par nationalité

Pourcentage

Ukrainiens

28,9 %

Moldaves

27,6 %

Bulgares

25,7 %

Russes

16,1 %

Gagaouzes

0,42 %

Autres

1,25 %

Selon le dernier recensement de la région d’Odessa on compte 28 794 gagaouzes. Sur le terriroire de la région est fondée la société des gagaouzes « Birlik » qui signifie « l’Unité ». Grace à son activité, depuis 2007 on enseigne à l’école le gagaouze en latin. Il faut dire que les gagaouzes d’Odessa attachent une grande importance à l'apprentissage de la langue maternelle. Un aspect principal de la connaissance de la langue est dans le fait que, lorsque les enfants commencent à penser dans leur langue maternelle, à écrire des textes, des poèmes — cela sonne autrement, decouvre mieux leurs capacités. L’article 6 de La loi ukrainienne sur les minorités nationales organise l’autonomie culturelle des minorités et prévoit «... l’utilisation et l’enseignement dans la langue d’origine dans les institutions d’enseignement d’État ou par l’intermédiaire de sociétés culturelles nationales, le développement des traditions culturelles nationales, l’utilisation des symboles nationaux, la célébration des fêtes nationales, la libre pratique de leurs religions, la satisfaction de leurs besoins en matière de littérature d’art et de mass media, la création d’institutions nationales culturelles et éducatives et toutes activités qui ne contreviennent pas à la législation en vigueur » (10, 25).

Le gagaouze est une langue étudiée comme une discipline à l’école secondaire de la classe de primière à la terminale, dans les lieux où vivent les gagaouzes : dans les villages, Vinogradovka, Koubey, Tchervonoarmeiskoye (la région de Bolgrade), le village Kotlovina (région de Réni), le village de Vieux Troyany (la région de Kilia).

L’analyse de la géographie linguistique des gagaouzes dans le bassin du Danube de l’Ukraine nous montre bien, que cette petite ethnie réside sur ce territoire et restent en grande partie traditionnelle. Néamoins que ce peuple a toujours été disputé par les grands impérialismes byzantins, bulgares, ottomans, tsaristes et même soviétiques, il a conservé sa langue, ses traditions et sa culture. Les valeurs religieuses et familiales dans la vie des Gagaouzes jouent un rôle particulier. Le folklore Gagaouze, extrêmement pittoresque, présente beaucoup de connexions et motifs communs avec le folklore d’autres peuples balkaniques (bulgares, roumains, grecques, albanais etc.), mais aucune liaison ou ressemblance avec le russe.Comme les Roumains, les Gagaouzes ont le culte du loup, leur fête la plus importante est dédiée à cet animal. Malgré que les principales communautés ethniques du bassin du Danube sont aujourd’hui les Ukrainiens, les Bulgares, les Russes et les Moldaves, c’est l’union des langues slaves, romanes et turques et les Gagaouzes y occupent sa place digne.



Références Bibliographiques

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1 Associate Professor, PhD, Izmail State Liberal Arts University, Ukraine, Address: 12, Repin St., Izmail, Odesa oblast, Ukraine, 68600, Tel: +380930455577, Corresponding author: nv_idgu@ukr.net.

JDSR, Vol. 5, no. 2/2015, pp. 74-82